VIH : la pilule qui révolutionne la trithérapie ?
L'Agence européenne du médicament a autorisé mardi la commercialisation d'Atripla, la première trithérapie qui tient dans un seul comprimé à prendre une seule fois par jour. Pour mettre au point ce médicament, et c'est une autre première, deux laboratoires ont uni leurs efforts : Bristol-Myers Squibb (BMS) et Gilead Sciences.
Aujourd'hui, selon la trithérapie et le type de patients, les personnes infectées par le VIH doivent prendre en moyenne entre trois et six comprimés au cours de la journée. Mais ce chiffre peut monter jusqu'à 30 ou 40 pour certains malades traités également pour des infections opportunes. L'Atripla permet donc de limiter le traitement à une prise quotidienne.
Qualité de vie
La pilule est constituée de trois molécules déjà utilisées dans le cadre de la trithérapie : l'éfavirenz, commercialisé par BMS sous le nom de Sustiva, ainsi que l'emtricitabine et le fumarate de ténofovir disoproxil, qui constituent le Truvada, mis au point par Gilead Sciences. "Ces médicaments agissent en bloquant la réplication du virus dans le sang. Ils ont déjà fait leurs preuves en termes d'efficacité et de bonne tolérance", explique à LCI.fr le docteur Yacia Bennaï, directeur médical du département de virologie chez BMS.
La simplification qu'induit Atripla va "améliorer la qualité de vie du patient" tout en l'incitant à mieux suivre son traitement, assure le Dr Bennaï. La pilule est autorisée à être vendue dans les 27 pays de l'Union européenne ainsi qu'en Norvège te en Islande. La commercialisation en France interviendra à l'été 2008.
"Petit progrès"
"C'est un petit progrès", tempère pourtant le docteur Marina Karmochkine, praticien hospitalier au service d'Immunologie à l'hôpital Georges Pompidou, à Paris. "Les molécules [composant Atripla, NDLR] sont bien connues, pointe la spécialiste à LCI.fr. Mais la pilule unique cumule les effets secondaires de chaque médicament : toxicité rénale potentielle pour le ténofovir ; vertiges, cauchemars, syndrôme dépressif authentique pour l'éfavirenz. Et là, aucun progrès n'a été accompli."
La véritable révolution, selon le Dr Karmochkine, viendra de l'arrivée début 2008 de deux nouvelles classes de médicaments contre le HIV. "Ce n'était pas arrivé depuis dix ans", remarque-t-elle. L'un de ces médicaments, dit anti-integrase, agira "contre une nouvelle cible virale" ; l'autre, un "inhibiteur de CCRH", contre "l'entrée du virus" dans l'organisme. Le Dr Karmochkine indique que ces deux médicaments, "visiblement mieux tolérés par les patients", s'adressent à des malades "avec des virus résistants aux trithérapies".
http://tf1.lci.fr/infos/sciences/sante/0,,3656697,00-vih-pilule-qui-revolutionne-tritherapie-.html